Cours à distance

CaD Cinéma

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CaD_2#1

Les types de montage

  • Le montage cut :

 

les plans se succèdent sans effet d'enchaînement ou de transitions ( pas de fondus par exemple ).

 

 

 

  • Le montage linéaire :

 

les plans sont montés dans l’ordre du scénario, en suivant une temporalité linéaire, en ligne droit. C’est le montage le plus classique qui existe. Le montage se contente de suivre un axe temporel continu.
Son contraire s’appelle le montage inversé : Un des exemple les plus connu où le montage à complètement remis en cause l’écriture chronologique habituelle est sans-doute Memento de Nolan. Dans ce film deux types de séquences se mélangent : des séquences en couleur achronologique ( on commence par la fin du film puis on remonte peu à peu : la fin de chaque scène correspond au début de celle d’après etc… ) et des scènes en noir et blanc chronologiques ( celle-ci se déroule linéairement ). Ce montage très complexe permet entre autre au spectateur de ressentir le temps comme le perso principal ( il n’a plus de mémoire à court terme et remonte le cours du temps pour enquêter ). Toute la complexité de l’intrigue mais aussi du personnage principal passent alors par un montage qui casse tous les codes habituels de la temporalité au cinéma.

 

 

 

  • Le montage alterné :

 

deux actions sont filmées en alternance, en montrant tantôt l'une, tantôt l'autre. En alternant avec des plans courts, on crée un suspense. Il y a un lien de temporalité entre les deux scènes, elles se déroulent au même moment, ce qui permet la montée en tension, par exemple on voit le détonateur d’une bombe, les gens dans le bâtiment où elle se trouve, et on alterne entre la bombe, les gens etc… Hitchcock définissait ainsi la différence entre le suspense et la surprise : le suspense c’est quand on sait qu’il y a une bombe sous la table et que l’on va alterner entre la bombe et les victimes. La surprise c’est quand la bombe explose et qu’on ignorait sa présence.

 

 

Ce type de montage appartient au montage purement narratif.

 

 

 

  • Le flashback :

 

retour à un événement antérieur. le flashback  est un plan dont l'action s'est déroulée avant celle en cours. Exemple : un homme consulte un album photos. Il s'attarde sur un portrait de femme. Le plan suivant montre l'homme (plus jeune) en compagnie de la femme, courant main dans la main sur une plage. Pour traduire un flashback, le noir et blanc ou le sépia sont souvent utilisés.

 

 

 

  • Le flashforward :

 

Inverse du flashback.  C’est un plan ou une séquence se déroulant dans le futur du temps narratif du film.

 

 

 

  • L'ellipse de temps :

 

dans la narration d'un événement, juxtaposition de deux plans avec un saut dans le temps. Le spectateur s'imagine l'événement qui n'est pas montré. L'avantage de l'ellipse de temps est d'éviter les longueurs.

 

 

 

  • Le montage parallèle :

 

 montage de plusieurs plans, l'un après l'autre, montrant des actions différentes, afin de mettre en évidence une contradiction, une opposition, une comparaison. Il n’y a pas de lien de temporalité entre les deux, l’association des plans créer un sens, une comparaison.

 

 

 

 

  • Le montage associatif :

 

 juxtaposition de scènes, au demeurant sans rapport, qui déclenchent chez le spectateur des associations d'idées. Cependant rien n'est dit, ni montré directement. Exemple : un homme achète un billet de loterie, à la scène suivante, il est dans une agence de voyage.

 

 

 

  • Le montage de remplacement :

 

les événements qui ne peuvent ni ne doivent être représentés sont remplacés par des images symboliques. Exemple : au lieu de montrer la douleur de l'accouchement à l'hôpital, on montre l'éclosion d'une fleur, pour représenter la naissance d'un enfant.

 

 

Ici par exemple c’est utilisé pour contourner la censure de ce qu’on appelle le code hays qui étaient des règles morales strictes appliquées au cinéma et qui empêchaient de montrer des scènes de sexe au cinéma. On remplace donc par un plan de train qui rentre dans un tunnel pour suggérer le sexe.

 

 

 

  • Le montage formel :

 

 montage de plusieurs plans, en fonction d'un élément qu'ils ont en commun, tel que la couleur, la forme, les mouvements (une robe rouge et une rose rouge, le globe d'un réverbère et une pleine lune, la chute d'une feuille d'arbre et la chute d'une personne).

 

 

Dans cet extrait célèbre de Kubrick, par un montage formel ( forme de l’os et forme de la navette ) et le raccord mouvement entre l’os et la navette permet une ellipse de milliers d’années. Ici plusieures astuces de montage permettent non seulement de relier deux événements sans rapport mais de montrer l’évolution de l’espèce humain en deux plan seulement...

 

 

 

  • L'effet Koulechov :

 

 le cinéaste russe Lev  Koulechov montra trois fois l'image d'un visage anodin regardant hors champ, en alternance avec trois plans différents : une assiette de soupe, un homme mort, une femme allongée sur un canapé. Le public interpréta le regard du visage anodin comme exprimant la faim, la tristesse, l'envie. Cette expérience montre qu'en juxtaposant deux plans sans rapport, le spectateur est amené inconsciemment à interpréter les images dans leur succession.

 

 

 

 

  • Le plan séquence :

 

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un type de montage mais plutôt de son absence. Le plan séquence est comme son nom l’indique un plan où toute l’action de la séquence se joue. il peut être fixe ou en mouvement. Parfois en montage il est nécessaire de le couper, de remonter dedans car il ne s’intègre pas au film, notamment par le rythme.

 

 

Exemple intéressant du film La Corde, Hitchcock. Celui-ci avait pensé son film entièrement en plan séquence. Limité par la pellicule il a été obligé de couper son plan séquence toutes les 10minutes environ. Le film comporte néanmoins certains raccords regards ( le réalisateur triche donc et change de plan ) et ce sont ces raccords qui passent le plus inaperçu dans le film !

 

 

LES RACCORDS

 

Globalement ce qu’on appelle raccord a pour but d’effacer le montage en tout cas de le rendre “transparent”, c’est à dire de privilégier la narration et de renforcer l’illusion de réalité.

 

 

 

  • Raccords jeu :

 

Le montage des plans entre eux doivent être raccords au niveau du jeu : il faut que l’émotion soit la même, l’intonation de voix, les mouvements du corps, la posture, etc… un faux raccord peut sortir le spectateur du film, soit par le manque de cohérence dans le jeu soit par un détail comme une mèche de cheveux qui bougerait sur le visage etc…

 

 

 

  • Raccord de  décor :

 

il en va de même pour le décor. Une tasse qui se déplacerait sur la table entre deux plans successifs serait un faux raccord visible qui pourrait sortir le spectateur du film ( encore une fois cela peut être une volonté mais si c’est un oubli ça se sentira )

 

 

 

  • Raccord lumière :

 

 deux plans  censés  se dérouler au même endroit et au même instant  doivent être raccord au niveau de la lumière. Mettons que vous les ayez tournés à deux moments différents si l’on passe d’un grand soleil à une lumière de temps de pluie il va y avoir un faux raccord. Ces raccords sont retravaillés en étalonnage mais tout n'est pas rattrapable.
Raccord son : on parle de raccord son tout ce qui assure la cohérence entre deux plans au niveau sonore. Cela peut être l’ambiance sonore ( des grillons dans un jardin la nuit ), la musique, le ton de la voix, le volume etc...

 

 

 

  • Le Raccord Regard :

 

Sans doute le raccord paraissant le plus naturel. Le personnage regarde quelque chose/quelqu’un et le plan suivant est amené par le regard du personnage. C’est le raccord utilisé pour les champs contre champs par exemple.
Ce procédé s’il est utilisé de façon purement narrative est sans doute celui qui efface le plus le montage ( bien que totalement artificiel ) car on voit ce que le personnage regarde, on est purement dans l’outil narratif linéaire.

 

https://supdesub.com/fenetre-sur-cour

 

à 06:20

 

Dans ce film de Hitchcock tout est basé sur les raccords regards du personnage principal qui s’ennuyant observe ses voisins. La narration repose alors sur le raccord : James stewart regarde chez un voisin, on suit son regard, il regarde ailleurs, on suit à nouveau etc… Tout le film reposant sur ce qu’il observe on est en permanence dans le raccord de son regard. Le montage est alors essentiel : Combien de temps rester sur sa réaction ? Combien de temps faire durer ce qu’il observe afin de montrer l’insistance de son regard sur telle ou telle scène et donc l’intérêt potentiel de ce qu’il voit, etc...

 

Si l’on veut détourner ce raccord afin de créer un autre sens, l’on rentre dans un autre type de montage, de narration. Par exemple le personnage regarde quelque chose ou quelqu’un et l’on raccorde sur un scène n’ayant rien à voir. On surprend alors le spectateur qui est habitué à ce type de raccord, on joue  avec ses habitudes.

 

 

 

  • Le Raccord mouvement :

 

Autre raccord classique de la transparence. Quand on opère une coupe avant la fin d’un geste ou d’un mouvement pour raccorder au plan suivant sur la poursuite et la fin d’un même geste ou même mouvement à la même vitesse et dans la même direction.
Quand il s’agit par exemple d’un personnage qui sort du cadre dans un plan et entre dans le plan d’après ( l’entrée dans le cadre se fera du côté opposé de la sortie : si le personnage sort par la droite, il rentrera par la gauche ) on parlera plus spécifiquement de Raccord de direction.

 

à 2:01

 

Classiquement ce raccord est utilisé pour lisser une coupe, la continuité du mouvement masquant la coupe ( on est absorbé par le mouvement ). De la même façon il peut être détourné afin de créer une ellipse ou un montage formel ou parallèle ( cf plus bas ). Un personnage peut sortir de champ, on s’attend à le voir re-rentrer ( passage d’une porte par exemple ) mais c’est un autre personnage et une autre porte qui est franchie, bouleversant ainsi les attentes du spectateurs, permettant de lier entre eux deux personnages, deux lieux sans choquer l’oeil du spectateur. Cependant, comme le raccord regard, la coupe va être lissée par ce raccord car l’oeil est attiré par le mouvement, celui-ci fluidifie l'enchaînement. On pourrait faire rentrer le personnage par le même côté que celui par lequel il est sorti pour que le montage détruise la construction de l’espace par exemple.

 

 

 

  • Le Raccord dans l’axe :

 

Il s’agit de garder le même axe ( ne pas déplacer sa caméra ) mais en changeant l’échelle  passer d’un plan moyen à un gros plan par exemple. Pour que le raccord ne soit pas trop apparent on a tendance à favoriser un changement d’échelle important. Si l’on passe d’un plan large à un gros plan cela va insister sur un détail, au contraire si l’on passe d’un plan serré à un plan large on va créer une sensation de mise à distance. Dans ce type de raccord on va vraiment jouer sur les sens différents alloués aux valeurs. Si la scène est entièrement tournée dans deux valeurs différentes ( ce que l’on appelle un Master shot ) alors c’est au montage que se construit vraiment la narration, c’est là que va se décider quand se rapprocher / s’éloigner du sujet.

 

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Si l’on veut garder la même valeur, il faut respecter la règle des 30 degrés, à savoir un changement d’axe d’au moins 30 degré.

 

 

 

  • Le Jump cut :

 

C’est sans doute le détournement de code de raccord le plus connu. Il s’agit d’un Raccord plan sur plan, on conserve la même valeur, le même axe (ou alors on varie de façon très légère ) ce qui provoque un effet de saute, déstabilise le spectateur. Cela a longtemps été “ interdit ” dans le cinéma car trop la saute est visible : Une époque où le montage était pensé comme montage de la transparence : le but était de faire oublier le montage pour servir la narration, de rendre celui-ci invisible. Cette idée du montage a été remise en cause notamment par la Nouvelle Vague. Ce procédé est purement un procédé de montage. C’est en coupant dans un plan que l’on va créer le discours, le ressenti.

 

 

Très utilisé dans le cinéma actuel pour montrer la folie par exemple ou en documentaire ( ou web ) pour couper dans une itw trop longues ( konbini )

 

 

 

  • Les plans de Coupes :

 

Si vos raccords de mouvements laissent à désirer, ou que vous avez une faute de raccords (30°, 180°, etc).
Vous pouvez utiliser des plans de coupe pour lier vos plans.
Il s’agit d’un plan qui évoque l’action principale sans la montrer ( un insert, un plan de paysage, etc… ).
En général les plans de coupe sont vraiment utilisés de façon classique pour passer d’une séquence à l’autre et n’ont que très peu d’intérêt narratif, ils peuvent même faire l’effet d’un “pansement”, d’un artifice parfois grossier pour palier au manque du tournage. Mais ils peuvent aussi amener un autre sens à une scène s'inscrire dans un type de montage plus discursif. En documentaire ils sont souvent utilisés pour camoufler des coupes dans une itw ou pour illustrer des propos on parle alors plutôt de Plan d’illustration.

Bien sûr toutes ces règles peuvent être détournées, pour créer un effet différent.

Il y aussi des effets, des transitions artificielles appelés les fondus :

 

 

 

  • Les fondus :

 

 Ce sont des effets ou l’on joue sur les dernières images d’un plan et les premières de celui d’après pour “adoucir” une coupe ou pour lier des séquences sans lien apparent ou raccord possible afin de souligner le changement de temporalité ou de lieu par exemple.

 

 

 

  • Fondus Enchaînés :

 

 dernière image du premier plan se fond/mélange avec la première image du deuxième plan, se dissolvant par transparence. Cela permet par exemple de lier deux séquences qui se passent dans un décor où un temps différent entre elles ( très utilisés dans le vieux cinéma hollywoodien pour amener des flash back par exemple )

 

 

 

  • Fondu au noir / blanc :

 

Le fondu au noir peut être une fermeture (la scène s'assombrit progressivement jusqu'à ce que l'écran devienne entièrement noir) ou une ouverture au noir (d'un fond noir, l'image apparaît progressivement). Les deux peuvent se suivre. Le fondu peut aussi se faire au blanc : l'image devient blanche au lieu de noire. Ces fondus sont utilisés souvent pour ouvrir un film ou le fermer étant donné qu’ils font apparaître ou disparaître l’image du noir ils donnent une sensation de début ou de fin contrairement au fondu enchaîné qui ne ferme pas vraiment le plan.

 

 

 

  • Fondus sonores :

 

C’est le même principe qu’à l’image , la fin du plan sonore se mêle progressivement au début de celui d’après, allégeant l’effet de coupe.

Pour tous les fondus il faut ce qu’on appelle des poignées : à savoir des images en plus en début et fin de plan ( au son et à l’image ) afin d’avoir de la matière pour faire ceux-ci. Il faut donc laisser continuer  un peu le plan avant de couper.

Le choix du montage va construire l’histoire. en effet selon comment on agence les plans, on ne raconte pas la même chose. Le choix de l'enchaînement des plans peut changer la perception de ceux-ci.  
Il y a plusieurs méthodes de montage que l’on peut utiliser, qui donnent un sens ou un effet différents aux plans. Il y aussi plusieurs conception du montage, qui vont influencer les choix que l’on fera.

Travaux étudiants

Adrien
MARZANO

>> Campus Jean-Paul Curnier
>> Classe J
>> Promotion Laura

Immersion campus JPC Promotion Laura

Montage réalisé par Adrien et Bryan à partir d'images filmées par les étudiant.e.s du campus Issa Samb, un "making of" du tournage des VSFWNR, lors de l'immersions des étudiant.e.s du campus Jean-Paul Curnier.