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CaD_1#1

RÉPONSE À L’ÉTUDIANT MARIN KHELILI

RAYMOND HAINES ET JACQUES VILLEGLÉ

 

Jacques Villeglé

Jacques Villeglé

 

“La vie d’artiste doit commencer par la flânerie”, Jacques Villeglé


Raymond Haines et Jacques Villeglé sont deux artistes français qui travaillaient ensemble à Paris pendant les années 50 et 60.

Leur matériau exclusif est l’affiche lacérée.

Le collage est une pratique courante dans les arts plastiques, eux inventent le décollage.

Ils flânent dans les rues de Paris et prélèvent sur les murs de la capitale les affiches collées les unes sur les autres, parfois déchirées par les mains des passants, quelquefois tachées et sur lesquelles des inscriptions ont parfois été faites...


Jacques Villeglé colle ses trouvailles sur des toiles et en fait une œuvre comme d’autres peignent.
 

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Raymond Haines prend tout, les affiches et leur support, comme dans sa série Panneaux d’affichage :
 

Raymons hains

 

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Ils prélèvent à l’urbain une beauté cachée où couleurs et graphismes se mêlent.
La beauté, l’esthétique, l’art sont présents dans la vie, dans la ville, dans notre quotidien, à condition de savoir regarder, de reconsidérer les frontières entre art et non-art, puis de mettre en lumière cette esthétique.

“Mes œuvres existaient avant moi, mais on ne les voyait pas parce qu’elles crevaient les yeux.”
Raymond Haines

C’est une volonté d’effacement de l’artiste au profit de l’expression spontanée de la rue.
J. Villeglé revendique ce qu’il appelle le “Lacéré anonyme”.
Il remet en question la création individuelle.

Ils aiment la spontanéité de cette pratique : se promener, regarder, voir, arracher, partir.

Jacques Villeglé dira : “plutôt que d’acheter mes œuvres dans les galeries, les gens devraient faire de même”.

Jacques Villeglé

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C’est aussi un constat du chaos de l’après-guerre : au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, le pays se trouve dans une état de délabrement, de décrépitude. Certaines villes françaises ne sont plus que ruines après les bombardements et l’on manque d’à peu près tout (il y a eu en France des tickets de rationnement de 1945 à 1949).

C’est aussi une manière d’archiver la mémoire de la société française.
 

“En prenant l’affiche, je pends l’histoire”,  Jacques Villeglé


La première œuvre qu’ils ont créée ensemble était d’ailleurs un hommage à une œuvre du passé qui relate une guerre, La Tapisserie de Bayeux.
La Tapisserie de Bayeux est une broderie de laine faite sur une toile de lin réalisée au XIe siècle, elle mesure 70 mètres de long et relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant et les Normands.
 

Tapisserie de Bayeux



Ach Alma Maestro, 1949, Jacques Villeglé et Raymond Haines, 2,56m x 58cm

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C’est aussi une manière de jouer avec le langage. Aucun mot ou presque n’est lisible directement, mais le regardeur cherche à établir des liens entre les fragments de lettres ou de bouts de mots.
Cela crée un langage qui est plus visuel que verbal.


Te Deum, 1971, Jacques Villeglé

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À la même époque, de nouvelles formes de poésie sont expérimentées : Isidore Isou crée L’Internationale lettriste :

Poème lettriste de Isidore Isou dit par Gabriel Pommerand


Leurs œuvres peuvent aussi être politiques : la série La France déchirée est réalisée en référence au conflit algérien qui se déroule alors.

 

“La lacération est un Non !” Jacques Villeglé
 

Les murs ont toujours été un moyen d’expression populaire, un exutoire contre le conditionnement social.

Les murs sont le support des revendications durant les périodes de grève ou de révolte.

Dans les années 80, le tag, puis le graffiti, impose son esthétique dans les rues et lieux publics.

D’autres artistes, comme Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat, proches du graffiti, poursuivront d’une certaine manière cette voie artistique.

Il faut aussi citer Ernest Pignon Ernest, qui dessine de façon très classique sur de grands papiers qui seront ensuite collés dans la rue en les adaptant parfaitement à l’architecture, comme un trompe l’œil.
 

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Jacques Villeglé


Ignorance = Fear, 1989, Keith Haring (1958-1990)

Keith haring

 

Sans titre, 1982, Jean-Michel Basquiat (1960-1988)

Basquiat



Série Naples, 1988-1995, Ernest Pignon-Ernest

Naples

 

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