Cours à distance

CaD Communication relationnelle

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CaD_1#3

ÉMOTION ET COMMUNICATION

I.  L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE (suite CaD_1#2)
 

Ne pas confondre :

  • l’émotion
  • l’expression de l’émotion

 

L’ÉMOTION EST CE QUE L'ON RESSENT

 

On ne régule pas, on ne maîtrise pas, l’émotion. On a le droit d’être en colère pour n’importe quelle raison.

Chacun a le droit d’être en colère pour des choses différentes, car nous avons un cadre de référence différent.

 

Exemple de la colère

M. Uno est en colère car on lui a menti.
M. Dos ne se met pas en colère quand on lui ment.


Ces deux individus ont donc des émotions différentes face à une même situation. Pourquoi ?

Il y a de multiples raisons, peut-être que M. Dos a connu trop de menteurs, donc il a décidé de ne plus s’épuiser à ressentir de la colère, c’est donc son cadre de référence qui influence ses émotions. Peut être que M. Dos comprend qu’on puisse mentir, parfois c’est utile et nécessaire. Ici c’est son système de valeur qui influence ses émotions.
Ni M. Uno ni M. Dos n’ont tort ou raison, on ne juge pas l’émotion de quelqu’un, chacun a ses raisons de la ressentir.

 

L’EXPRESSION DE L'ÉMOTION EST LA FAÇON DE VIVRE ET DE TRADUIRE UNE ÉMOTION


L’expression de l’émotion est soit :

  • fonctionnelle/appropriée
  • dysfonctionnelle /inappropriée

Si, par exemple, on exprime la colère en criant et en jetant des objets, il s’agit d’une expression dysfonctionnelle (qui ne fonctionne pas).

Ce qu’on cherche à réguler, à maîtriser, c’est l’expression dysfonctionnelle/inappropriée de l’émotion.


Autre exemple de la colère

M. Uno est en colère car on lui a menti : il hurle sur tout le monde et jette les chaises qui sont devant lui.

OUI
M. Uno a le droit d’être en colère, le but de l’intelligence émotionnelle n’est pas de lui enlever le ressenti de la colère, mais de réguler l’expression de l’émotion.

NON
M. Uno n’a pas le droit de hurler sur tout le monde et jeter des chaises, c’est inapproprié. En plus, cela va lui causer du tort, les gens autour vont penser que c’est lui qui a un mauvais comportement, alors qu’il cherche à se défendre d’un mensonge. Cette expression de la colère va lui porter préjudice, ne va pas jouer en sa faveur.


Comment réguler cela ?

Exemple de régulation de l’expression de la colère

M. Uno ferait mieux :

  • de prendre du recul
  • de ne pas agir sous l’impulsion

Puis, il ferait mieux :

  • d’expliquer avec des mots, en parlant avec la personne concernée, pourquoi le fait qu’elle lui mente le met en colère
  • de donner à la personne DES CLÉS DE COMPRÉHENSION afin qu'elle mesure l’impact que son mensonge a sur l’autre

Notons qu’il existe d’autres façons : certaines personnes préfèreront canaliser leur colère dans une activité (ex : musique, sport, yoga, méditation, performances...).
Quoi qu’il en soit, il demeure essentiel pour soi comme pour les autres de réguler sa colère pour améliorer la relation avec la personne concernée.

 

 ON NE RÉGULE PAS L’ÉMOTION, MAIS L’EXPRESSION DE L’ÉMOTION


Chaque émotion a de multiples façons d’être exprimée ; il y a des expressions fonctionnelles et des expressions dysfonctionnelles. Ne pas du tout exprimer une émotion peut être dysfonctionnel.

 

 

II.  LA FONCTION DES ÉMOTIONS

 

Chaque émotion est nécessaire à notre bon fonctionnement.

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions.

Chaque émotion sert à quelque chose, chaque émotion a une fonction.

 

 

1.  Exemple de la peur

 

FONCTION

 

La peur est là pour nous protéger des dangers, nous avertir d’un risque ou d’un potentiel risque. C’est la petite sonnette d’alarme pour nous avertir, nous faire ressentir qu’il y a peut-être un danger à évaluer.

Je traverse la route, il y a beaucoup de voitures, la peur (même minime) me permet de m’arrêter avant de traverser, de regarder à gauche et à droite, d’évaluer si j’ai le temps de passer et me met en action.
Si la peur n’est pas là --> je traverse sans regarder, je me mets en danger.

 

EXPRESSION DYSFONCTIONNELLE DE LA PEUR

 

Ne pas l’exprimer (“je n’ai jamais peur”) est un comportement inapproprié, car on prend trop de risques, on recherche en permanence de l’adrénaline, mais on fait abstraction de la peur.

Dramatiser, exagérer la cause de la peur et on va être trop prudent, trop protecteur.

          - Je n’ose plus sortir.
          - Je n’ose plus traverser la route.
          - Je vois du risque partout.

À l’excès, cela peut nous paralyser, nous pétrifier de peur et nous rendre inactif.

 

 

2. Exemple de la colère

La colère est une émotion complexe, forte et impressionnante, car elle peut donner lieu à beaucoup de violence, d’agressivité et d’actes extrêmes.

 

FONCTION

 

La colère est ce qui nous permet de nous insurger quand des valeurs ne sont pas respectées et permet de dire non.

Je subis une injustice, la seule émotion qui me permet de me battre pour me défendre et rétablir la justice est la colère.


Tout ce qui découle de la colère, la rage, la hargne, va nous permettre de mobiliser des forces et de l’énergie pour vaincre.

Dans le sport, montrer une forme d’agressivité est aussi très important, l’agressivité est utilisée là de façon positive.

 

EXPRESSION DYSFONCTIONNELLE DE LA COLÈRE

 

Ne pas l’exprimer :

On peut tomber malade, somatiser (notre corps transforme notre émotion en problème de santé --> ulcère, maux de têtes, eczéma...).

Si on n’exprime pas sa colère quand elle est là,  on exprimera un jour une colère extrême, on explosera (effet cocotte minute) et notre colère sera disproportionnée par rapport à la situation.

Si on n’exprime pas la colère, on peut aussi faire de la passivité agressive : c’est une façon d’être en colère sans crier, sans être colérique, mais plutôt faire de l’ironie, envoyer des pics, être sournois...

 

L’exprimer de façon explosive :

On fait des crises de nerfs, on hurle, on insulte, on est violent, on frappe... On n’a pas de limites, on met en danger les autres et soi-même, car on s’épuise énormément.

Cela donne l’impression d’être fort et puissant, de nourrir son ego, mais souvent on empire la situation.

Cette expression de la colère peut nous rendre coupables, alors que l’on cherche à se défendre. Elle a un effet boomerang qui ne joue pas en notre faveur.

 

 

3. Exemple de la  tristesse  

 

FONCTION


La tristesse permet d’exprimer un manque lié à une perte ou causée par une séparation. Toute cause de tristesse est liée à une perte ; de quelqu’un, de quelque chose, d’une relation, de quelque chose qui s’abîme…

La tristesse va nous permettre de prendre de la distance, de mettre en perspective, de lâcher prise, afin de faire notre cheminement jusqu’à l’acceptation de la perte et ensuite aller vers un nouvel attachement.

 

Courbe deuil

 

 

EXPRESSION DYSFONCTIONNELLE DE LA TRISTESSE

 

Ne pas l’exprimer :

Cela peut venir d’une grande pudeur, ne pas vouloir déranger les autres avec ses problèmes, penser que c’est du domaine de la vie privée et personnelle (je ne veux pas mettre mal à l’aise les autres avec mes problèmes personnels).

Cela peut mener à de l’isolement et donc prolonger beaucoup la courbe du deuil.
 

Exagérer la tristesse :

Par exemple, des gens qu’on ne connaît pas et qui dès le début vous disent « ménage-moi, je suis fragile » ou vont se placer en position de victime : je me sens bien dans la tristesse, parce que les gens s’occupent de moi, font attention à moi et cherche à me protéger. Je trouve du bon dans cette situation de victime et au moins, si je dois vraiment faire face à la tristesse, je suis préparé.

 

 

4. Exemple de la joie

 

FONCTION

 

La joie permet d’exprimer une satisfaction, un contentement, un plaisir. L’humain a plein de façons de célébrer la joie, par la fête, par l’amour, par l’humour…

La joie provoque l’envie de répétition, de faire plus, de faire mieux et donne de la motivation.

Avec un aspect collectif, la joie s’exprime de façon assez spectaculaire. Elle se partage de façon physique, où l’on célèbre l’union, le renforcement et l’ambition et on transmet la confiance en soi.

Je suis seul sur un terrain de basket, j’ai un ballon, je tente... Je mets le panier. Je suis content, je le célèbre personnellement (dans ma tête, ou avec un geste de la main, style « yes » avec le poing serré). J’ai aimé ressentir la joie de voir le ballon passer dans le panier, je suis fier de moi, ça m’a motivé pour recommencer. Je mobilise mes forces pour recommencer, mais cette fois... j’essaie de plus loin. J’ai donc envie de faire encore plus et mieux, pour ressentir la joie de façon plus forte.

 

EXPRESSION DYSFONCTIONNELLE DE LA JOIE

 

Ne pas l’exprimer :

On n’arrive pas à célébrer la joie, et encore moins avec des gens.

On ne célèbre pas sa joie, parce qu’on pense que ce qu'on a fait n’est pas assez pour célébrer.

On a tendance à sous-estimer ses actions, ce n’est jamais suffisant pour célébrer, on est un « éternel insatisfait ».

Il y a par exemple des dirigeant.e.s qui ne partagent jamais la joie, ils sont déjà plus loin ou pour eux c’est normal, c’est leur travail : cela entraîne la démotivation et réduit la confiance en soi.

 

Exprimer la joie sans limites :

On exprime sa joie et parfois on dépasse le respect et le civisme...
Exemple : mon équipe de foot gagne le match, et pour exprimer ma joie, je brûle des poubelles.

L’expression de notre joie nous rend fou, on ne voit plus de limites, on pense que l'on est invincible et autorisé à tout faire.

 

 

III. EXERCICES

Avant de finir, un peu d’aide à la mémorisation.

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