L'esprit de la ruche

Synopsis

Le frère a combattu le frère, la guerre a été civile. Chasser l'envahisseur, c'est possible, mais chasser le frère, le voisin, l'ami ? Celui que l'on tenait pour un monstre quand on lui faisait la guerre, où est-il maintenant ? Que faire de lui ? Il est en vie, certes, mais sa vie n'est pas, ne peut pas être la même que la nôtre (sinon, pourquoi nous aurait-il combattu ?) Il est là, autour de nous, vie créée par guerre, qui nous est un peu incompréhensible, qui demeure toujours un peu inquiétante, dangereuse.
Tiens, Frankenstein. La vie créée, monstrueuse d'ignorance, innocente et pourtant maléfique.

Dans ce monde éventré par la guerre civile, la petite Ana voit le film Frankenstein, et se pose deux questions : pourquoi Frankenstein tue-t-il la petite fille qu'il trouvait pourtant si jolie, et pourquoi les villageois tuent-ils Frankenstein ? Certes, certes, comme la rassure sa soeur, dans un film, tout est faux, mensonge et trucage. Mais quand même. Parce qu'en fait, la petite fille du film Frankenstein, cela pourrait être elle.
Et Frankenstein, le monstre, ce soldat oublié de la guerre civile, l'ancien ennemi. Si l'on regarde un film sans vouloir apprendre à vivre, à quoi bon ? Si l'histoire qu'on nous raconte finit mal, comment faire pour que dans nos vies, cela finisse bien ? Les abeilles sont toutes identiquement stupides, mais ensemble, comme traversées par cela qu'on ne voit pas, l'esprit de la ruche, elles dégagent une intelligence confondante. Cet esprit-là traverse-t-il les hommes ? Et puis, cette petite fille aux yeux comme des soucoupes volantes qui chuchote pour prendre place dans le monde, comme elle nous regarde !