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LA JUSTICE RESTAURATIVE #2 - Réparer ceux qui restent
[AUDIO // 59 minutes] [1 heure]
CONDAMNÉS-VICTIMES : UN DIALOGUE POSSIBLE
LSD - série documentaire en 4 épisodes : #2
En France c’est à la fin des années 2000 que François Goetz tente la première expérience française de justice restaurative. Il ne s’agit plus seulement de « surveiller et punir », mais de reconstruire le lien social.
Selon le Conseil Économique et Social de l’ONU, "la Justice restaurative est constituée par tout processus dans lequel la victime et le délinquant participent ensemble activement à la résolution des problèmes découlant de cette infraction, généralement avec l’aide d’un facilitateur".
La Justice restaurative, de plus en plus répandue en France, fait une percée remarquable au point d’être inscrite dans la loi du 15 août 2014 par l’ancienne Ministre Christiane Taubira : "chercher à créer les conditions du dialogue entre le condamné et la victime."
Ce processus offre aux participants la possibilité de réparer les souffrances qui n’ont pas été prises en compte durant le procès pénal.
épisode 2 / 21 novembre 2017
Réparer ceux qui restent
Réparer ceux qui restent / épisode • 2/4 du podcast Condamnés-victimes : un dialogue possible - 55:23
Une expérience inédite : les rencontres Détenus-Victimes. Ils se rencontrent à la Maison Centrale de Poissy, pour 6 séances, au rythme d’une fois par semaine pendant plus de deux mois encadrés par des médiateurs et des membres de la communauté.
Les personnes détenus et les personnes victimes ne se connaissent pas, ils n’ont pas de liens directs, mais ont commis ou subi le même type de faits.
Ce qui s’est passé à la première séance, après avoir été atterré par le premier crime, on a fait une pause-café, on s’est levé, on est allé à une machine à café un petit peu plus loin. On était un peu en retrait, on n'osait pas. […] Roméo, le plus jeune des détenus, est venu carrément me parler […] comme une pause-café normale entre collègues. Et là, je suis allée me rasseoir, tout était passé. Je n’ai plus jamais eu peur. J’ai plus jamais été atterré. (Une personne victime)
C'est une expérience rare, parce qu’il n’est pas courant que des condamnés à de lourdes peines puissent parler sans témoins, rare que des condamnés s’adressent directement à des victimes. C'est aussi un processus bouleversant pour ceux qui s’y engagent, visant la reconstruction des personnes, et un dialogue improbable qui offre aux participants la possibilité de réparer les souffrances qui n’ont pas été prises en compte durant le procès pénal.
Auparavant, pendant le temps de l’instruction, on est conditionné par nos avocats, à ne pas parler. C’est ce que je trouve dommage à un procès d’assises, c’est qu’on ne puisse pas vraiment… parce que nous-mêmes, on peut le vivre mal parce qu’il y a des choses qu’on voudrait pourvoir dire, et qu’on arrive pas à dire. Je pense qu’à un procès d’assises, les victimes ne pourront jamais avoir de réponses. La cour d’assise, c’est une pièce de théâtre. (…) On est tellement conditionné qu’on ne peut pas s’exprimer comme en temps normal. (Une personne détenue)
En l’absence de tout enjeu judiciaire, et après condamnation, cette rencontre met face à face deux souffrances.
À titre exceptionnel, l'équipe de France Culture a été autorisée à poser ses micros en séance.
Une série documentaire de Johanna Bedeau et Angélique Tibau
Avec :
Nadège Bezard, animatrice des rencontre détenus victimes à Poissy
Marguerite, membre de la communauté
Martine, Stéphanie, Pascale, José, Christophe et Stéphane, participants des rencontres