Au hasard Balthazar
Synopsis
La vie de l'âne Balthazar, plongé au milieu des drames humains et qui en meurt. "Je voulais que l'âne traverse un certain nombre de groupes humains qui représentent les vices de l'humanité. Il fallait aussi, étant donné que la vie d'un âne est très égale, très sereine, trouver un mouvement, une montée dramatique. C'est à ce moment que j'ai pensé à une fille, à la fille qui se perd."
Équipe technique et distribution
Réalisation : Robert Bresson, assisté de Jacques Kébadian et Claude Miller / Scénario : Robert Bresson / Photographie : Ghislain Cloquet / Musique : Jean Wiener / Montage : Raymond Lamy / Son : Antoine Archimbaud
Avec Anne Wiazemsky : Marie / François Lafarge : Gérard / Philippe Asselin : le père de Marie / Nathalie Joyaut : la mère de Marie / Walter Green : Jacques / Jean-Claude Guilbert : Arnold / Pierre Klossowski : un marchand / François Sullerot : le boulanger / Marie-Claire Fremont : la femme du boulanger / Jean Rémignard : le notaire
Sur le film, en quelques mots
Balthazar, l'âne, n'est pas une métaphore dans ce film. Il en est le centre, le personnage principal. Un personnage inhumain, donc. Quelle gageure !
Car Balthazar n'est pas anthropomorphisé, le film ne lui prête ni psychologie, ni humanité : il est là, et croise le chemin des hommes, d'hommes et de femmes. Et ces vies d'hommes, toujours, dans ce film, sont confrontées au Mal.
Pourquoi le Mal existe-t-il, et comment se manifeste-t-il ? Les personnages humains du film se débattent dans ces questions, et lorsque leur route croise celle de Balthazar, l'âne est amené à supporter le Mal. Les voix sont blanches, les personnages sont au-delà de toute psychologie : res, non verba (les faits, pas les mots). Pas de causes au comportement des hommes, les effets. Chaque plan irradie et rend palpable le Mal comme un élément naturel, aussi naturel que l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons.
Et, de manière déchirante, on en vient à envisager le Mal comme un émanation de l'Homme, qui a comme pollué le Monde entier.
De ce film, Jean-Luc Godard disait : « Pour moi, Bresson est à la fois un grand inquisiteur qui, quels que soient le risque ou la violence des choses, va jusqu’au fond des hommes et il se trouve que cet inquisiteur se sert d’un moyen qui est le cinéma et le cinéma est humaniste par définition. Donc, Bresson a cette chance d’être à la fois un inquisiteur et un humaniste. C’est ce qui se ressent si bien dans Au hasard Balthazar qui est un film terrible sur le mal, le mal dans le monde, et en même temps, on ressent tout ça avec une espèce de douceur évangélique qui est pour moi extraordinaire. Ce film, c’est le monde. On voit le monde, depuis l’enfance jusqu’à la mort. Je trouve ça absolument merveilleux.»