Mémentos
Analyses de séquence
Cinéma
ANALYSE DE SÉQUENCE - 20 minutes
Le Mépris [20 minutes]
Le Mépris
Jean-Luc Godard / 1963 / Couleur / 1h43 / France
Synopsis
Paul Javal, scénariste, et sa jeune femme semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.
Équipe technique et distribution
Scénario : Jean-Luc Godard, d'après le roman Le Mépris d'Alberto Moravia / Musique : Georges Delerue / Costumes : Tanine Autré / Photographie : Raoul Coutard, Alain Levent / Assistant-réalisateur : Charles Bitsch / Son : William-Robert Sivel / Montage : Agnès Guillemot
Avec Michel Piccoli : le scénariste Paul Javal / Brigitte Bardot : Camille, l'épouse de Paul Javal / Jack Palance : le producteur Jeremy Prokosch / Fritz Lang : lui-même / Giorgia Moll : Francesca Vanini, l’assistante du producteur
Sur le film, en quelques mots
Il s'agit du "grand" film classique de Godard. Classique dans sa forme et sa narration, globalement : cinémascope et fluidité du récit, apparente simplicité de ce dernier.
C'est un couple, les Javal, qui se trouve jeté dans le "milieu" du cinéma, car le mari, Paul, est amené à participer à l'écriture d'un film. Et mystérieusement, c'est-à-dire sans raison claire, ce "milieu", les gens qui le composent, vont modifier la relation entre Paul et sa femme, Camille. Cette relation qui nous était exposée au début du film comme éternelle (tendrement, totalement, tragiquement) et qui implose, sous nos yeux, sans spectacle, sans coup d'éclat. Qui pourrit, qui a pourri.
Il est une séquence, centrale dans le film, entièrement tournée dans un appartement, dans la banalité d'un intérieur du XXème siècle en Europe. Une scène de couple en intérieur, qui n'est même pas portée par une grande tirade shakespearienne. Juste un couple, dans un appartement, qui se parle pour ne rien parvenir à se dire vraiment. Ce qui se noue dans cette séquence est bouleversant pourtant, dans l'économie du film et en soi.
Ce n'est donc pas le texte, le dialogue qui nous émeut ici, ce n'est ni le théâtre, ni la littérature. C'est le cinématographe.