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1#4

RÉPONSE À L’ÉTUDIANT SULLY JEAN-THÉODORE

GIOTTO DI BANDONE (1266-1337)


Giotto est un peintre et architecte italien du Moyen Âge.
Ses premières œuvres reconnues sont les fresques qu’il a peintes dans l’église supérieure de la basilique Saint-François à Assise en Italie, entre 1290 et 1300.

La fresque est une technique de peinture particulière : il s’agit de peindre avec des pigments mélangés à de l’eau sur l’enduit encore frais et humide du mur. C’est une technique difficile qui nécessite un grand savoir-faire, car les retouches sont presque impossibles. Il faut savoir que la peinture à l’huile n’a été inventée que vers 1400.

Ce sont des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Au Moyen Âge, toutes les peintures ont pour sujet la religion, même s’il ne s’agit parfois que d’un prétexte.
Mais Giotto apporte de la nouveauté et beaucoup d’humanité à la représentation de ces scènes.
 

François offre son manteau à un mendiant

Francesco


Par la composition complexe de la scène, Giotto parvient à intensifier l’émotion.
L’espace, les figures, le décor, les positions des corps appuient le drame qui s’y joue.

L’œuvre de Giotto est toujours marquée par un grand sens de l’humanité.
Les visages ont des expressions et les corps, des postures qui les rendent vivants.

Jusqu’à Giotto la profondeur manquait et les personnages avaient plus l’air de statues que d’êtres humains.
Giotto retrouve l’art de créer l’illusion de la profondeur sur une surface plane.

Il ne désire pas simplement montrer sa virtuosité, il désire surtout créer l’illusion que la scène religieuse se déroule là, à côté de nous, sous nos yeux.
Il veut peindre la scène comme elle devrait se passer dans la réalité.

Giotto semble se demander, à chaque fois qu’il peint, comment se tiendrait un Homme, quel geste ferait-il, quel acte, s’il prenait vraiment part à cet événement.
Il se demande aussi comment le regardeur interprétera tel geste ou telle posture.

Les peintures religieuses dans les églises sont faites pour éduquer les chrétiens qui sont en grande majorité illettrés. C’est une manière de leur enseigner la Bible.
Jusqu’à Giotto, la scène peinte mettait donc en évidence les personnages principaux (Christ, Vierge, Apôtres…) et l’action principale, sans vraiment se soucier de l’espace, de la profondeur et des sentiments humains.

L’aspect révolutionnaire de la peinture de Giotto est très claire si on la compare avec, par exemple, cette peinture réalisée à la même date, qui propose la même scène et qui est représentative de ce qui se faisait alors :

La Mise au Tombeau, Psautier de Bonmont, 1250-1300

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Pour Giotto, c’est complètement différent.
Pour lui, la peinture ne vient pas seulement remplacer l’écriture pour les fidèles, elle doit apporter autre chose : des sentiments et une impression de vie.
Il peint l’esprit de la scène représentée et les émotions de ceux qui en sont les acteurs.

Les peintres qui précédaient Giotto, et que l’on appelle les Primitivistes, avaient pour convention de peindre les personnages dans leur entier. Giotto abandonne cette tradition byzantine, qu’il estime simpliste, et montre qu’un personnage de dos, dont le visage est caché, parvient à exprimer sa peine et la douleur et que le regardeur la perçoit clairement. 
 

Lamentation du Christ mort, 1290-95, Assise

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François marchant sur le manteau d’un inconnu

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François prêchant aux oiseaux

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Cette nouvelle conception de la peinture dépassa les frontières de l’Italie et se répandit dans toute l’Europe du Nord.

Dans les décennies qui ont suivi, les peintres ont gardé cet attachement à la justesse des attitudes des femmes et des hommes qu’ils peignent, mais se sont attachés à travailler aussi le cadre de la scène, comme, par exemple, dans ce tableau de Sandro Botticelli, L’Adoration des Mages, peint en 1475  :
 

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On peut cependant reprocher à Giotto d’avoir participé à la simplification excessive des personnages religieux, et de François d’Assise en particulier.

François d’Assise était un personnage complexe et contestataire, qui abandonna la richesse et le confort que son rang lui offrait, pour aller prêcher, avec ses Frères, à travers toute l’Italie dans la pauvreté et le dénuement, tel le Christ.  
Il critiquait les dérives de l’Église catholique et voulut la réformer.

Après sa mort, ses écrits furent brûlés par le Pape, une Deuxième Vie de François fût écrite, édulcorée et sage.

Giotto décore l’église qui lui est édifiée et participe, par la naïveté des scènes sur François, à en faire un personnage lisse.
Ainsi la complexité de sa manière de peindre se heurte avec la simplicité du sens.

Cependant, cette manière et la volonté de naturel et de vérité qui la sous-tendait perdureront des siècles.
300 ans plus tard, le peintre italien Caravaggio (Le Caravage en français) n’oublie pas l’art de Giotto.
Comme lui, Caravaggio désire rendre fidèlement la nature et peint la scène biblique comme si elle se déroulait à ses côtés, mais pousse beaucoup plus loin le naturalisme et remet beaucoup de complexité dans le caractère des personnages.


L’incrédulité de Saint Thomas, Le Caravage, 1603

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