Le VSFWNR #6 - Comme l’armée a été tourné le jeudi 19 septembre 2019 au cœur perché du village des Taillades, à l’extrémité Est du massif du Luberon. Commencé le matin, le tournage s’est prolongé jusque dans l’après-midi.
La partie ancienne du village, celle où nous avions choisi de passer notre temps, date du XVIIIe. Une église et une tour y dominent, posées côte à côte au sommet d’anciennes carrières calcaires et le tout composant un ensemble monochrome entouré de grands arbres. Une forme hybride, celle d’une architecture religieuse traditionnelle provençale, prolongeant dans un même matériau les masses minérales hasardeuses d’une carrière sculptée comme toutes les carrières : par prélèvements, comme l’envers d’un geste volontaire.
L’endroit était désert. L’on entendait des enfants jouer doucement au loin, un son léger qui donnait vie et qui allait nous arranger. Nous avons, pour le reste, été tranquilles, même si deux ou trois cyclistes nord-européens ont voulu traverser quoi qu’il en coûtât notre zone de tournage durant des prises en plan séquence : désireux de suivre les indications GPS de leurs smartphones jusqu’aux derniers mètres en surlignement, enhardis sans doute par l’excellence de leur bilan carbone personnel, portés par la détermination des Justes, ils ont chacun leur tour refusé de poser pied ailleurs qu’exactement devant l’église.
Le tournage rassemblait 4 acteurs. Billel et Dounia, chargés du dialogue – deux ou trois morceaux de phrases des sous-titres de The Red Line de Terrence Malick (1998) reçues le matin même – étaient positionnés assis après la rambarde d’un parc minuscule, faisant comme un parvis à l’église et posé sur un éperon rocheux. Quand les réglages caméra prenaient du temps entre les prises, l’on surveillait Billel. Il était resté éveillé toute la nuit précédant le tournage et l’on craignait de le voir s’endormir maintenant dans cette position incertaine mais confortable. Ce qu’il fit à un moment, comme en témoigne le plan ajouté au film à la suite du générique de fin.
L’association Dounia-Billel, aussi efficace qu’improbable, s’est poursuivie dans les mêmes rôles pour deux autres films : VSFWNR #10 et #14.
Pour Comme l'armée et selon le découpage imaginé sur place, la caméra devait accompagner sur Steadycam l’ascension du village par deux personnages silencieux, interprétés par Rémy et Samad, allant rejoindre les deux premiers assis vers l’église. À partir de l’entrée du parc, la caméra devait avancer encore vers Billel et Dounia, mais seule et de façon subjective.
C’est à cela que nous avons perdu du temps, tentant d’installer les rails d’un travelling de location trop vieux et défectueux, un matériel dur à assembler, pénible à caler et finalement inutilisable. Il a fallu renoncer, puis faire très vite. Nous avons poursuivi au Steadycam, lancé le drone pour un contrechamp en mouvement avant, utilisé pied et tête fluide pour les plans moyens et les gros plans. Malgré l’incident, nous avons réussi à rejoindre le second décor trois heures avant le crépuscule et réaliser tout de même le second tournage de la journée.
Remerciements
Mairie de Bonnieux
Parc naturel régional du Luberon
Office National des Forêts (84)
Éric Garnier