Derek Bailey (1930-2005)

Derek Bailey tient une place à part. Avec lui, pas de Blues, pas de Rock, de Jazz, sous aucune de leurs formes, des plus communes au moins pures. Il joue dans l’énergie de ces musiques, mais jamais dans une référence directe à celles-ci, toujours “à côté” et pour obtenir autre chose.

Derek Bailey vient de Sheffield, ville du nord de l’Angleterre. Il a, pendant quelques années, exploré la technique de la guitare préparée. What the Fuck is “la guitare préparée” ? C’est une guitare sur laquelle on ajoute des objets qui transforment le son d’origine. Par exemple :

• un crayon entre le manche et les cordes
• des trombones accrochés aux cordes
• des lames de métal à plat sur les cordes
• ou en vibration sur la caisse de résonance…
• Le même principe est régulièrement utilisé avec d’autres instruments, le piano par exemple.

Loin des guitaristes qui puisent dans le Blues ou avec un jeu qui chercherait à swinguer, le chemin qu’il suit est parsemé d’éclats, de grappes de sons, de résonances, d’accords tranchés, grattés, piqués.

Son jeu est très sophistiqué, avec des harmonies riches et une grande maîtrise technique. Derek Bailey ne joue ni par-dessus les musiciens qui partagent sa musique ni avec, mais plutôt “autour” ; c'est-à-dire sans que son jeu propre ne soit jamais influencé par celui des autres. C’est une étrangeté : il n’est jamais ni accompagnateur ni soliste, mais produit un pan de musique qui paraît indépendant, complémentaire.

En guitare électrique, son son est brut. Il utilise des pédales, mais elles ne masquent pas un jeu sec, tranchant, des attaques franches.

Il maîtrise comme peu de guitaristes un jeu en harmoniques et passe régulièrement de la guitare acoustique à la guitare électrique.