Compendium
Photographie
Histoire de la photographie
L'ESSOR - La démocratisation
[TEXTE - PICS // 3 minutes] [2 minutes]
Les bases de la Photographie
L'essor : la démocratisation
Une des toutes premières héliographies sur étain, 1827.
© Joseph Niépce, Maison-Musée Nicéphore Niépce
Dès le départ, le médium photographique fascine et suscite un grand intérêt, que cela soit de la part du public, des artistes ou pour des raisons scientifiques. En effet, la Photographie représente un atout majeur dans la représentation des sujets et du réel : beaucoup plus rapide, précis et simple que les autres arts tels que le dessin ou la peinture.
Très rapidement, la Photographie s’impose comme l’outil idéal à des fins de mesure, de documentation, mais également comme un loisir pour les publics privilégiés.
Dans ses premières formes la Photographie repose encore sur des moyens lourds : le matériel, les plaques sensibles et les procédures rendent sa pratique longue et coûteuse. Elle est donc pour quelques décennies cantonnée à des applications précises et limitées.
Les premières images par Héliographie et les premiers Daguerréotypes sont fragiles et représentent surtout des paysages déserts ou natures mortes.
Londres. Pont et bateaux sur la Tamise. Gros Jean-Baptiste-Louis (1793-1870)
© Cliché Bibliothèque Nationale de France
Rapidement, la technique s’améliore et les temps d’exposition sont plus courts : la pratique devient plus abordable. De nombreux studios vont ouvrir, notamment à Paris. Toute la bourgeoisie et les personnalités font des portraits. Une nousvelle pratique culturelle se propage.
Portrait d’Honoré de Balzac. Par Bisson Louis-Auguste (1814-1876)
© Photo RMN-Grand Palais (Institut de France) - Gérard Blot
La photographie de Balzac est célèbre.
Il s’agit du seul portrait photographique authentifié de l’écrivain et de la plus ancienne épreuve précisément datée de l’atelier Bisson.
Ce portrait se démarque nettement de la production stéréotypée de l’époque : il représente le modèle dans une pose non conventionnelle, en buste, une main posée à hauteur du cœur sur la chemise largement ouverte, la tête légèrement de biais.
Le fait que Balzac ne regarde pas l’objectif traduit peut-être sa défiance vis-à-vis du nouveau procédé : il lui prêtait un caractère magique et craignait qu’il le prive de son enveloppe charnelle. Preuve que malgré son succès et sa fascination, la Photographie a été le sujet de passion et de rejet, une grand partie du public lui attibuant un caractère mystique, surnaturel, ou a contrario, trop mécanique.
Portrait de Baudelaire par Nadar (Gaspard Félix Tournachon) (1820-1910)
© Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski
Baudelaire était un détracteur de la Photographie. Il considérait le médium comme trop limité : "un simple rôle de secrétaire et garde-note de quiconque a besoin dans sa profession d’une absolue exactitude matérielle".
Il a néanmoins cédé à l'attrait du portrait daguerréotype. A-t-il lui-même voulu et mis en scène son image comme celle d'un être insaisissable, perdu dans ses rêveries et flou ? "Un portrait exact mais ayant le flou d'un dessin."
La photographie a assez vite pris des aspects surprenants et inventée des représentations s'éloignant du réél, flouttant plus encore que les autres média la ligne séparant l'être et le non-être, le vrai, et le fabuleux ou le merveilleux.
Elle est allée, rapidement aussi, troubler les frontières entre vie et mort. Ainsi à l’époque Victorienne en Angleterre, il existait une pratique très en vogue dans les familles : se prendre en photo avec ses mort·e·s. Ce type de photographie faisait appel à une mise en scène spécifique et à une préparation des corps afin de les faire apparaître vivant. L’image résultante était ainsi conserver en mémoire des disparus.
Les autochromes des Frères Lumières rencontrent un immense succès et révolutionnent la Photographie et ses représentations : les plaques étant vendues prêtes à l’emploi, le grand public pouvait alors documenter sa vie propres et enregistrer des scènes candides. L’espace urbain, les maisons et les paysages furent de plus en plus photographiés. La photographie devient un médium du souvenir, du quotidien.
Le format plus mobile, précis et économique, permet également de documenter les grands évènements historiques : des photographes reporters sont envoyés témoigner de grands évènements et couvrent notamment les conflits et les guerres. Les premiers autochromes - et donc photographies couleurs - ont permis de documenter et montrer la réalité de la 1ère Guerre Mondiale.
La Côte d’Azur
Les archives de la planète
Collection du musée départemental Albert Kahn
Un membre de la tribu Pachtoun des Waziris. Ghazni, Afghanistan.
Les archives de la planète
Collection du musée départemental Albert Kahn
Albert Kahn, envoie des photographes partout à travers le monde pour photographier les peuples de la planète, adoptant ainsi une posture documentaire, ethnographique et évidemment colonialiste.