QUAND LA FRANCE LIBRE N'ACCEPTE PAS QUE SES COLONIES REVENT D'INDEPENDANCE

La guerre d’Indochine (1946 à 1954), oppose la France aux forces indépendantistes vietnamiennes menées par le Viet Minh, dirigé par Hô Chi Minh. Elle s’inscrit dans le contexte de la décolonisation après la Seconde Guerre mondiale, mais aussi dans le climat de début de la guerre froide, avec des enjeux géopolitiques majeurs en Asie.

• Le Viet Minh, abréviation de Việt Nam Độc Lập Đồng Minh Hội (« Ligue pour l’indépendance du Vietnam »), est un mouvement nationaliste et communiste vietnamien, fondé en 1941 par Hô Chi Minh. Son objectif principal était d’obtenir l’indépendance du Vietnam, alors sous domination coloniale française.

• Hô Chi Minh (1890-1969) est considéré comme le père de l’indépendance vietnamienne. Il a été le principal dirigeant du Viet Minh, puis président du Vietnam du Nord de 1945 jusqu’à sa mort.

Depuis le XIXe siècle, la France contrôle l’Indochine française (Vietnam, Laos, Cambodge). Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon occupe la région, affaiblissant la présence française. À la fin de la guerre, le mouvement indépendantiste Viet Minh, d’inspiration communiste, profite de la déroute japonaise pour proclamer, en septembre 1945, l’indépendance du Vietnam.

Mais la France, voulant restaurer son empire colonial, refuse cette indépendance.

Les tensions s’enveniment entre Français et nationalistes vietnamien.ne.s. En décembre 1946, les troupes françaises bombardent le port de Haïphong, provoquant des milliers de morts. C’est le début officiel de la guerre d’Indochine. Le conflit s’étend rapidement au Tonkin (partie nord du pays), puis au reste du territoire.

Le Viet Minh, qui maîtrise parfaitement le terrain, pratique une guerre de guérilla, difficile à contrer pour l’armée française. Le conflit s’enlise. Hô Chi Minh bénéficie du soutien populaire dans les campagnes, tandis que la France peine à garder une bonne image.

À partir de 1949, la situation change avec la victoire des communistes en Chine, qui devient un soutien majeur du Viet Minh. La guerre prend une dimension internationale, dans le cadre de la guerre froide. Les États-Unis, de leur côté, commencent à soutenir financièrement la France pour contenir le communisme en Asie.

En 1953, les Français décident de couper les routes d’approvisionnement du Viet Minh en s’installant dans une vallée du nord du Vietnam, à Diên Biên Phu. Mais cette position se révèle stratégique pour les forces vietnamiennes. Après près de deux mois de siège, la garnison française capitule le 7 mai 1954. Cette défaite très médiatisée est considérée comme un coup dur par l'Etat français, les colonialistes, les entreprises françaises, etc, mais un comme un symbole d'espoir pour de nombreux peuples colonisés à travers le monde, celui de réussir à vaincre des oppresseurs militairement et économiquement supérieurs.

Quelques mois après Diên Biên Phu, la France accepte de négocier. Les accords de Genève, signés en juillet 1954, mettent fin à la guerre. L’Indochine française est démantelée :

• Le Vietnam est divisé en deux : le Nord, communiste, dirigé par Hô Chi Minh ; le Sud, soutenu par les États-Unis.

• Le Laos et le Cambodge deviennent également deux Etats indépendants.

La guerre d’Indochine a fait environ 500 000 mort.e.s, dont une majorité de Vietnamien.ne.s. Pour la France, c’est un échec militaire et politique. Ce conflit annonce une autre guerre, encore plus longue, meurtrière et médiatisée : la guerre du Vietnam (1955-1975), qui opposera le Nord-Vietnam aux États-Unis et à leurs alliés.