LA MORALE chez LES SUPER-HÉRO·INE·S

Watchmen est un roman graphique culte, créé par Alan Moore, Dave Gibbons et John Higgins, publié entre 1986 et 1987 par DC Comics. Considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du genre, il a bouleversé la bande dessinée en proposant une relecture radicale du mythe du super-héros.

Là où les comics traditionnels figuraient des héros vertueux, défenseurs du bien et de l’ordre, Watchmen met en scène des personnages ambigus, tourmentés, profondément humains malgré leur puissance. Alan Moore et ses collaborateurs ne se contentent pas de complexifier la figure du héros : ils la déconstruisent, révélant ses fragilités morales, ses contradictions internes, et la violence souvent cachée sous son costume.

Cette ambiguïté fait écho, de manière frappante, à la mythologie grecque : les protagonistes de Watchmen ont des pouvoirs démesurés, mais aussi des passions, des doutes, des failles, comme les dieux antiques.

Watchmen est bien plus qu’un récit de super-héros : c’est une tragédie moderne, où des êtres surhumains affrontent des dilemmes insolubles, où le pouvoir n’apporte ni sagesse ni salut, et où la vérité peut être aussi destructrice que le mensonge. Les héros y apparaissent comme des figures mythologiques d’un monde sans dieux, contraints d’agir dans un univers désenchanté, mais toujours guidés par des forces qui les dépassent.

La profondeur philosophique de l’œuvre — sa manière d’interroger le pouvoir, la morale, la responsabilité, le destin — explique son influence durable sur la culture contemporaine. Watchmen a ouvert la voie à des récits plus sombres, plus adultes, plus complexes, et a inspiré des générations d’auteur·e·s, de scénaristes, de cinéastes. Christopher Nolan, par exemple, s’est largement appuyé sur cette esthétique et cette densité pour concevoir The Dark Knight (2008). L’adaptation cinématographique de Watchmen par Zack Snyder en 2009 a, quant à elle, tenté de traduire cette tension tragique dans un langage visuel spectaculaire.