Compendium
Luttes afro-américaines
THOMAS SANKARA - séjour au siège de l'ONU
DISCOURS DE HARLEM (1984)
[VIDEO] [20 minutes]
Discours de Thomas Sankara à Harlem (USA 1984)
Pendant son séjour au siège de l’ONU en 1984 où il a fait son fameux discours devenu historique, il s’est rendu à Harlem pour être témoin des conditions de vie des Noirs. Il fut choqué par ce qu’il a vu. De retour dans son Faso natal, dans une interview à l’aéroport de Ouagadougou, le président du CNR aurait dit qu’il n’est pas normal que l’histoire des Blancs soit écrite par des Blancs, l’histoire des Jaunes écrite par des Jaunes et que l’histoire des Noirs soit écrite par des Blancs. Les Noirs doivent pouvoir écrire leur histoire surtout que ce que les Blancs ont écrit porte la marque de l’européocentrisme ; toute chose qui ne contribue pas à l’objectivité de cette histoire. Un comité de réflexion fut mis en place en collaboration avec l’UNESCO. Des travaux préliminaires ont abouti à une première rencontre en 1986. C’était le symposium international au cours duquel les grandes idées ont été arrêtées.
Malheureusement, l’IPN fut créé officiellement en 1990, après la mort tragique de Thomas Sankara. Il a eu à mener comme activités, des rencontres aux niveaux politique et intellectuel, des voyages à travers l’Afrique pour pousser les Africains à adhérer à l’institut. Les scolaires ont été au centre des activités de l’IPN. Dans certains établissements scolaires, les élèves animaient ce qu’on a appelé les clubs IPN. C’était une façon pour l’institut de véhiculer le maximum d’idées sur la philosophie, l’histoire du monde noir, ce dont ils n’auront pas l’occasion de découvrir en classe.
Au départ, l’IPN a été créé pour être international. Mais il n’a pas bénéficié du soutien des autres pays africains. C’était le Burkina Faso qui finançait toutes les activités. Par la suite, le pays des hommes intègres a commencé à raréfier ses subventions et l’IPN est entré dans une léthargie dont l’issue risque d’être sa mort pure et simple. Ce sera alors une énorme perte, non seulement pour le Burkina mais aussi pour toute l’Afrique.

Thomas Sankara (1949–1987) fut un révolutionnaire, homme d’État et président du Burkina Faso de 1983 à 1987. Souvent surnommé le « Che Guevara africain », il a marqué l’histoire du continent par sa vision radicale d’un développement autonome, égalitaire et anticolonial.
Arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire à l’âge de 33 ans, Sankara rebaptise la Haute-Volta en Burkina Faso – « pays des hommes intègres » – et lance un vaste programme de transformation sociale : alphabétisation de masse, vaccination des enfants, réforme agraire, droits des femmes (interdiction de l’excision, des mariages forcés, promotion des femmes dans les postes de responsabilité), lutte contre la corruption et rejet de l’aide internationale sous condition.
Sankara prône l’émancipation par le travail, le refus du néocolonialisme et une forme de sobriété politique – il vivait lui-même modestement, refusait les privilèges, et encourageait les dirigeants à suivre cet exemple.
Il est assassiné lors d’un coup d’État orchestré par son ancien compagnon d’armes, Blaise Compaoré, en 1987. Aujourd’hui encore, Thomas Sankara reste une figure majeure de la pensée anticoloniale et de la lutte pour une Afrique souveraine et solidaire.