Compendium
CaD Cinéma
La prise de son cinéma
LA PRATIQUE DES MICROS
[TEXTE, PICS, SCHÉMAS, VIDEO // 30 minutes] [30 minutes]
LA TECHNOLOGIE DES MICROPHONES
Les microphones peuvent être classés en grandes familles, selon différents critères technologiques. Si tous ont en commun le principe d’un élément vibrant, la membrane, qui est excitée par l’onde acoustique captée, il existe des façons différentes d’exploiter ledit principe.
Les microphones dynamiques
Les micros dynamiques ont une membrane stimulée directement par les variations de pression acoustique qui constituent la source sonore elle-même.
Ils sont depuis les années 1990 quasiment abandonnés en tournage cinéma, principalement à cause de leur manque de sensibilité.
On les utilise surtout aujourd’hui pour les concerts, les interviews en reportage, ou encore pour enregistrer des sons très intenses comme des coups de feu, ou des instruments à percussion.
Les microphones électrostatiques
La quasi-totalité des microphones utilisés au cinéma appartient à cette famille.
Les micros électrostatiques disposent d’une membrane mise sous tension par un courant électrique, afin de la rendre beaucoup plus sensible aux variations de pression.
Pour générer ce courant, il faut soit :
- avoir une pile installée dans le corps du micro lui-même
- véhiculer une alimentation fournie par une console, un enregistreur, une mixette, à travers le câble audio lui-même On parle d’alimentation fantôme car elle voyage par le câble tout en restant totalement transparente pour le signal audio.
Ce dernier type de micro permet :
- la plus grande finesse de reproduction d’un signal sonore
- l’exploitation des signaux les plus faibles grâce à une sensibilité parfois supérieure à l’oreille humaine
C’est cette technologie qu’utilisent tous les techniciens du cinéma pour les micros de perche les plus populaires.
Les microphones à électret
Un autre type de micro électrostatique s’appelle le micro à électret. Ce dernier utilise une alimentation permanente, qui permet :
- une simplicité de conception
- un moindre coût
- une possibilité de miniaturisation extrême
En revanche, il est moins performant qu’un micro électrostatique en termes de sensibilité, donc de bruit de fond, et de reproduction fidèle d’un son, qu’on appelle aussi réponse en fréquences.
Si on le retrouve en tournage cinéma ou en reportage, c’est sous forme d’un micro cravate, un modèle miniature que l’on place directement sur les comédiens.
LA DIRECTIVITÉ DES MICROPHONES
La directivité d’un micro est sa capacité à se focaliser sur une source sonore plus précisément visée, ainsi qu’à atténuer en partie les fréquences qui n’arrivent pas dans l’axe de prise de son.
Les fréquences sont le nombre de vibrations par seconde :
- s'il y en a peu, on entend un son grave
- s'il y en a davantage, on entend un son aigu
La fréquence s’exprime en Hertz.
Le microphone omnidirectionnel
C’est le micro le moins directif, il est aussi peu sensible.
Il permet :
- d’aplatir sur un même plan sonore l’ensemble des sources environnantes
- de réaliser un plan large, à la manière d’une focale large à l’image.
Il peut être utilisé en cinéma
Par exemple : pour enregistrer un comédien qui hurle au milieu d’une fusillade.
(Si on utilise un micro statique directionnel en ce cas, soit les tirs saturent totalement la capsule du micro, soit les voix sont totalement inaudibles.)
Il est également moins sensible
- au vent
- aux bruits de manipulation
Enfin, on l’utilise pour bien restituer un plan sonore diffu au milieu d’un plan large
Par exemple : un groupe de comédiens à table vus de loin au fond d’un jardin.
Le microphone hypercardioïde
Il a été conçu pour :
- mettre en valeur un son particulier en le visant dans l’axe du micro
- atténuer au mieux les sons émis hors de cet axe
Ce que notre oreille est d’ailleurs capable de faire naturellement avec l’aide de notre cerveau.
C’est le téléobjectif du son, avec lequel on réalise un plan serré ou gros plan.
C’est donc le micro le plus adapté à la prise de son et tournage de film, où les nombreuses perturbations extérieures doivent le plus souvent être atténuées au profit de la seule compréhension de la voix du comédien.
Malheureusement, le directivité d’un microphone ne permettra jamais de faire abstraction totale des sources qui ne sont pas visées dans l’axe.
C’est la différence fondamentale avec l’image :
il est impossible d’isoler complètement le signal sonore utile du bruit environnant.
Le microphone cardioïde
Entre les deux premiers, le micro cardioïde présente une directivité relativement proche de l’oreille.
Mais le bruit permanent dans lequel nous vivons le cantonne au cinéma à une utilisation en couple stéréo (enregistrement avec deux micros en même temps en opposition avec le mono).
L’association de deux micros cardioïdes en stéréophonie est une solution simple pour obtenir un rendu très proche de la perception humaine.
Référence : La Chaîne du son au cinéma et à la télévision de Lucien Balibar
Vidéo explicative sur la pratique des microphones par Vincent Tulli :