Compendium

Histoire du rap

>> [ Jean Michel BRUYÈRE ]

Une histoire du rap US

MISSY ELLIOTT – Supa Dupa Fly (1997

[TEXTE - VIDÉO] [2 minutes]

Les albums qui ont changé le rap

 

Missy Elliott – Supa Dupa Fly (1997)

Missy Elliott


La discographie de Missy Elliott est un sans-faute. En six albums, dont quatre composés presque exclusivement par son éternel compère Timbaland, la rappeuse venue de Virginie s’est construite une stature solide. Son premier album, Supa Dupa Fly, lève le voile sur une personnalité unique qui multiplie les featurings, réunissant Busta Rhymes, Aaliyah, Magoo, Ginuwine, Lil’ Kim ou encore Da Brat. Mais c’est bien Missy Elliott qui rayonne ici, nonchalante et affûtée, protégée et bercée par des productions alors jamais entendues. On y décèle déjà le délire synthétique et électronique qui va caractériser ses prochains albums, mélangé à des samples de soul maltraités et inventifs. Le début d’une carrière majeure.

 


Supa Dupa Fly
Missy Elliott
Compositeur : T.Bell
Parution chez Atlantic Records - ATG le 11 juillet 1997
Hip-Hop/Rap - 17 Titres - 01h 00m 06s

Sans doute l’album le plus influent jamais réalisé par une artiste hip-hop, le premier album de Missy « Misdemeanor » Elliott, Supa Dupa Fly, est un chef-d’œuvre postmoderne qui brise les frontières. Il a eu un impact énorme sur le hip-hop, et encore plus grand sur le R&B, car son style futuriste, presque expérimental, est devenu le son de facto de la radio urbaine à la fin du millénaire. Une part importante du mérite revient au producteur Timbaland, dont les grooves numériques et épurés regorgent d'arrangements imprévisibles et de rythmes saccadés qui ressemblent souvent à des breakbeats de drum'n'bass ralentis. Les résultats sont non seulement uniques, ils sont tout simplement révolutionnaires, faisant de Timbaland un nom branché à adopter également dans les cercles électroniques. Pour sa part, Elliott impressionne par sa polyvalence : elle est chanteuse, rappeuse et partenaire égale pour l'écriture de chansons, et il ressort clairement des vidéos qui accompagnent l'album que l'esthétique de l'ère spatiale de la musique n'appartient pas seulement à son producteur.

Elle n'est pas une experte technique au micro ; ses raps sont assez simples, prononcés dans le lent ronronnement d'un stoner aux paupières lourdes. Pourtant, ils regorgent également d’associations libres hilarantes et surréalistes qui correspondent parfaitement à la sensibilité décalée de la musique. En fait, Elliott chante plus sur Supa Dupa Fly que sur ses albums suivants, ce qui en fait son effort le plus orienté R&B ; elle est plus remarquable en tant que rappeuse qu'en tant que chanteuse, mais elle a une voix douce qui s'harmonise bien.

Les rappeurs invités Busta Rhymes, Lil' Kim et da Brat apparaissent tous sur les trois premiers morceaux, ce qui détourne presque l'attention d'Elliott jusqu'à ce qu'elle prenne sans équivoque le relais avec le brillant single « The Rain (Supa Dupa Fly) » ; ailleurs, « Sock It 2 Me », « Beep Me 911 » et le « Izzy Izzy Ahh » éliminé sont presque à la hauteur de son génie. Elliott et Timbaland continueront d'affiner et d'élargir ce modèle, parfois avec encore plus de succès, mais Supa Dupa Fly contient les racines de tout ce qui a suivi. © Steve Huey/TiVo