Compendium
Histoire du rap
Une histoire du rap US
LAURYN HILL – The Miseducation of Lauryn Hill - 1998
[TEXTE - VIDÉO] [1 heure et 28 minutes]
Les albums qui ont changé le rap
Lauryn Hill – The Miseducation of Lauryn Hill (1998)
Lauryn Hill
L’unique album de Lauryn Hill, chanteuse/rappeuse échappée de l’énorme succès des Fugees, sonne comme l’avènement du hip-hop acoustique. Bien sûr, il y a également eu The Roots et une bonne partie des artistes du collectif Soulquarians. Mais The Miseducation, par la spiritualité et l’exacerbation des thèmes sentimentaux qui en découle, est définitivement à part. Lauryn Hill s’est entourée des musiciens new-yorkais du New Ark, à peine crédités, qui offrent à ce disque une intensité où se croisent les influences jamaïcaines, soul et R&B dans une grande cohérence. Il est une célébration, celle d’une chanteuse à son apogée, mais aussi de l’émancipation personnelle, de la maternité, de la croyance et du rap maîtrisé.
The Miseducation of Lauryn Hill
Lauryn Hill
Parution chez Ruffhouse - Columbia le 25 août 1998
Pop - 16 Titres - 01h 17m 17s
Cinq ans après le premier single des Fugees, Lauryn Hill se la joue solo avec ce qui deviendra l’un des albums les plus populaires des 90’s. Populaire, au bon sens du terme, parce que le disque constitue l’alliage rêvé entre sa personnalité complexe et les différents courants de la Great Black Music alors en vogue. The Miseducation of Lauryn Hill est conçu dans un contexte agité. Entre les clashs avec Wyclef Jean et Pras Michel des Fugees, la naissance de son premier enfant (avec Rohan Marley, le fils de…) et quelques collaborations de luxe avec Aretha Franklin (A Rose Is Still a Rose) et Whitney Houston, Lauryn Hill trouve tout de même le temps d’écrire des chansons qu’elle mettra en musique de la manière la plus organique possible. En intégrant notamment des tonnes d’instruments. Timbales, orgue, cordes, cuivres, harpe, piano et percussions s’entassent dans les deux studios de son enregistrement, Chung King à New York et Tuff Gong à Kingston.
Paru en août 1998, The Miseducation of Lauryn Hill démarre sur les brisées des Fugees, patois caribéens inclus et prose engagée. Entre MC clasheuse (ses punchlines égalent celles des rappeurs les plus hardcore) et soul sister aussi bien hantée par le gospel que Motown ou Nina Simone, elle invente une langue musicale qu’elle est alors seule à chanter. Bipolaire, disait d’elle Wyclef. Lauryn Hill est surtout multipolaire sans jamais qu’on soit perturbé par son zapping stylistique auquel participent Santana (To Zion), Mary J. Blige (I Used to Love Him) et D’Angelo (Nothing Even Matters). Plus de vingt ans plus tard, on attend toujours la suite de ces brillants débuts… © Marc Zisman/Qobuz