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Vérité et réconciliation

A CAUSE DE MANDELA - LSD

[ AUDIO // 4h ]

 

À CAUSE DE MANDELA
LSD - la série documentaire
4 épisodes

 

épisode 1 / 26 février 2024
Le temps de l’inventaire


Le temps de l’inventaire / épisode • 1/4 du podcast À cause de Mandela

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"J’aimerais que l’on me regarde et que l’on m’aime comme les Blancs aiment Mandela". D’où vient l’amertume de la poétesse noire Koleka Putuma ?

Dans les rues du quartier de Maboneng à Johannesburg, les pochoirs de Mandela sont à peine visibles, les contours ne sont plus nets, les couleurs sont fades. En revanche, on voit le visage de son ex-épouse Winnie partout. Les gens disent qu’elle était plus radicale et qu’elle aurait accordé moins de concessions aux Blancs.

Dans le bidonville de Diepsloot, on accuse même Mandela d’avoir trahi son peuple. "Je lui en veux à cause de la Constitution, elle permet aux riches de devenir encore plus riches, tandis que les pauvres restent pauvres", déplore Christopher Sithole, un chômeur de Diepsloot, bidonville sordide à une trentaine de kilomètres de Johannesburg.

Trente années après l’élection de Mandela, et dix années après sa mort, le moment est propice pour un inventaire, se réjouit Verne Harris, Président en exercice de la Fondation Nelson Mandela : "ces choses prennent du temps, les gens commencent à dire des choses qu’ils ne disaient pas auparavant. Et moi, ce sont les failles de Mandela qui m’intéressent".

Un documentaire de Nicolas Champeaux, réalisé par Yvon Croizier

Avec :
Mac Maharaj, codétenu de Nelson Mandela à Robben Island, ministre de Mandela
Albie Sachs, militant anti-apartheid, avocat, juge à la Cour Constitutionnelle
Zelda Lagrange, secrétaire particulière de Nelson Mandela de 1994 à 2013
Emilia Potenza, conservatrice du Musée de l’apartheid de Johannesburg
Verne Harris, archiviste, président en exercice de la fondation Nelson Mandela
Eric Miyeni, comédien, écrivain
Golden Ticka, photographe
Christopher Sithole, chômeur, habitant du bidonville de Diepsloot
Georges Lory, ancien diplomate, auteur, traducteur

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épisode 2 / 27 février 2024
Vérité et réconciliation : la genèse


Vérité et réconciliation : la genèse / épisode • 2/4 du podcast À cause de Mandela

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Comment écrire un nouveau chapitre, et solder le passé ? La commission vérité et réconciliation a incarné la détermination d’un peuple, à la fois victime et victorieux, à tourner la page de l’apartheid pour bâtir une nouvelle nation. L’élaboration de la commission ne s’est pas faite en un jour.

Les entretiens sur la genèse de la commission vérité et réconciliation donnent une idée de l’ampleur du chantier de la démocratie en Afrique du Sud. Les ennemis d’hier, blancs et noirs, ont négocié durant des années avant de s’entendre sur l’esprit, la composition, le fonctionnement et le mandat de la commission.

  • Audiences en publiques ou à huis clos ?

  • Faut-il prévoir une amnistie ? Laquelle ?

  • Générale ou au cas par cas, ou pas du tout ?

"Moi, je voulais des procès comme à Nuremberg, mais Desmond Tutu m’a convaincu", explique Yasmin Sooka, l’une des dix-sept commissaires : "j’ai saisi à quel point pour lui, c’était l’unique voie pour parvenir à la réconciliation. Pour lui, la réconciliation était l’objectif principal, alors que pour plusieurs d’entre nous, il s’agissait plutôt d’obtenir la vérité, et la justice".

Des portes ont claqué, mais à la fin, ils ont réussi. Les archives de la séance inaugurale sont bouleversantes. Ils sont tous ensemble dans la même pièce, avec l’archevêque Desmond Tutu en capitaine. Ce jour-là, les Sud-Africains ont donné au monde une leçon. La commission a suscité beaucoup d’espoir pour les familles de victimes, qui avaient soif de vérité. Trop d’espoir ?

Un documentaire de Nicolas Champeaux, réalisé par Yvon Croizier

Avec :
Alegria Nyoka, sœur de Caiphus Nyoka, présumé tué par la police de l’apartheid
Albie Sachs, combattant anti-apartheid, juge à la Cour Constitutionnelle
Yasmin Sooka, commissaire de la commission vérité et réconciliation
Roelf Meyer, ministre de la Défense du gouvernement De Klerk
Mac Maharaj, codétenu de Mandela à Robben Island, et ancien ministre
Max du Preez, journaliste
Verne Harris, président en exercice de la Fondation Nelson Mandela
Emilia Potenza, conservatrice du Musée de l’apartheid
Georges Lory, ancien diplomate, auteur et traducteur.

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épisode 3 / 28 février 2024
Les audiences de l’injustice


Les audiences de l’injustice / épisode • 3/4 du podcast À cause de Mandela

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Victimes et bourreaux échangent, les yeux dans les yeux. Parfois ils s’enlacent, en sanglots. Les 2 500 audiences de la commission vérité et réconciliation se sont étalées sur plus de deux ans, dans les neuf provinces de la nouvelle Afrique du Sud.

L’ancien président Frederik de Klerk ment, Winnie Mandela esquive, Desmond Tutu craque. Les audiences de la commission vérité ont connu moult coups de théâtre et rebondissements. Pour les victimes, c’était un processus nécessaire mais douloureux.

« Le jour de ma déposition était si triste ! Nous avons tous pleuré, certaines veuves étaient effondrées, c’était une journée sombre, mais au moins nous avons pu dire notre histoire et nous espérions connaître un jour la vérité » se souvient Nombuyiselo Mhlauli, veuve d’un proviseur de lycée présumé tué par la police de l’apartheid.

La commission a refusé d’octroyer l’amnistie aux six policiers qui avaient témoigné dans cette affaire, et avait recommandé des poursuites. Il n’y a jamais eu d’inculpation. Ce cas de figure s’est répété des centaines de fois. Les familles de victimes continuent de mener un combat contre la montre, car les bourreaux vieillissent, certains meurent même de leur belle mort, sans jamais avoir été inquiétés.

Max du Preez, journaliste et présentateur de l’émission hebdomadaire consacrée aux audience de la commission, regrette cette injustice. Il souligne néanmoins l’important legs de la commission : « Les audiences publiques ont mis au jour la cruauté et la violence du régime apartheid. De nombreux bourreaux ont reconnu leur crime, devant des caméras de télévision. Tout le monde les a vus. Plus personne ne peut nier l’atrocité de l’apartheid en Afrique du Sud aujourd’hui. »

Un documentaire de Nicolas Champeaux, réalisé par Yvon Croizie

Avec :
Nombuyiselo Mhlauli, veuve de Sicelo Mhlauli, présumé tué dans la police dans l’affaire des «Cradock four»
Yasmin Sooka, commissaire de la commission vérité et réconciliation
Verne Harris, président en exercice de la Fondation Nelson Mandela
Mac Maharaj, codétenu de Mandela à Robben Island, ministre de Mandela
Roelf Meyer, ministre de la défense de Frédérik de Klerk
Albie Sachs, militant anti-apartheid, juge à la Cour Constitutionnelle
Emilia Potenza, conservatrice du Musée de l’apartheid
Max du Preez, journaliste
Georges Lory, ancien diplomate, auteur, traducteur.

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épisode 4 / 29 février 2024
La beauté dans l’horreur :
l’artiste William Kentridge


La beauté dans l’horreur / l’artiste William Kentridge : épisode • 4/4 du podcast À cause de Mandela

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William Kentridge n’occulte pas l’horreur. Il contourne même le pittoresque et cherche la laideur, pour une œuvre qui finit par être belle. Il a commencé dans les années 70 dans la nuit de l’apartheid, et il continue, car malgré Nelson Mandela, le sombre demeure.

Waiting for Sybil, le dernier opéra de William Kentridge, aborde la question de l’incertitude et du destin. Kentridge travaille au sein de collectifs transdisciplinaires et inter générationnels, mais comme Mandela, seul son nom imprime. A Paris, Venise, San Francisco ou Tokyo, Kentridge est le nom que l’on retient. C’est l’un des artistes africains les plus côtés. Son ami, l’auteur sud-africain Denis Hirson, estime que c’est amplement mérité. Hirson a animé une vingtaine de conversations publiques avec William Kentridge. 

Kentridge voyage dans les formes et dans l’espace mais l’Afrique du Sud reste sa muse favorite. Son approche du paysage l’a souvent conduit à représenter les no mans’ land hérités de l’apartheid, l’idéologie combattue par son père Sidney, ancien avocat de Mandela et Steve Biko. Les heures sombres ne sont jamais loin, mais au-delà des traînées d’encre et du hachurage au fusain, le travail de Kentridge évoque aussi la beauté de la nature et des sud-africains.

Un documentaire de Nicolas Champeaux, réalisé par Yvon Croizie

Avec
William Kentridge, artiste
Nhlanhla Mahlangu, chorégraphe, compositeur
Malcolm Purkey, metteur en scène
Denis Hirson, essayiste, auteur notamment de l'ouvrage "A pas de panthère, dix conversations entre William Kentridge et Denis Hirson", Editions Dilecta